CARACTÈRES (biologie)

CARACTÈRES (biologie)
CARACTÈRES (biologie)

CARACTÈRES, biologie

En systématique, on utilise le terme «caractère» dans le sens de «caractéristique», en vue de la classification des êtres vivants, pour permettre une recension de leurs particularités. Celles-ci peuvent être qualitatives (couleur des cheveux ou du plumage) ou quantitatives (dimensions du corps et de ses diverses parties). On reconnaît des particularités morphologiques (absence ou présence de menton), anatomiques (cœur à 4, 3 ou 2 cavités), physiologiques (température corporelle constante ou variable), biochimiques (réserves glycogéniques ou amylacées), biologiques (oviparité, viviparité) ou éthologiques (rythmes d’activité et de repos).

La manière selon laquelle ces particularités s’inscrivent dans le processus ontogénique permet de distinguer des caractères juvéniles ou séniles , mais la diagnose spécifique se fonde normalement sur les seuls caractères adultes .

Selon leur mode de transmission, héréditaire ou non, on a voulu discriminer les caractères innés qui appartiennent obligatoirement au patrimoine biologique de l’espèce (déterminisme endogène) et les caractères acquis qui ont une signification adaptative au niveau individuel (déterminisme exogène).

À ce problème — mal posé à défaut d’être un faux problème — se rattachent des débats d’idées qui ont beaucoup embrouillé les choses. Les progrès de la génétique ont démontré que tout caractère (ou groupe de caractères) était codé par un (ou plusieurs) gène(s), selon la règle fondamentale un gène 燎 une protéine. C’est donc à partir du génome , siégeant sur les chromosomes, que la réalisation des caractères, sous forme de protéines constitutives de l’organisme, sera déterminée : formation d’un pigment (mélanine), formation d’une enzyme (G-6-PD), formation d’une molécule de structure (collagène). Par conséquent, l’organisme au cours de son autoconstruction va révéler l’information génétique qu’il détient: on dit que le phénotype (manifesté somatiquement) est l’expression du génotype (existant germinalement).

C’est pourquoi la génétique dite formelle a pu être entièrement fondée sur l’analyse de la transmission des caractères , au cours des générations, par l’intermédiaire des cellules sexuelles ou gamètes, porteurs d’un jeu chromosomique basal encore appelé jeu haploïde. Le gamète femelle fécondé par un gamète mâle donnera un œuf ou zygote diploïde. La réunion de deux gamètes porteurs du même gène produit un individu homozygote et l’expression du caractère y est obligatoire ici. Si père et mère étaient en revanche porteurs chacun d’une variante du même caractère, variante codée par des gènes dits allèles , la réunion de leurs gamètes donne un hétérozygote chez lequel l’expression génétique pourra être soit de type intermédiaire à celle des parents, soit similaire à celle de l’un d’eux que l’on qualifie alors de dominant; l’autre gène restera «muet», et il est dit récessif.

La mécanique distributive que la transmission des gènes au cours de l’hérédité permet de réaliser expérimentalement autorise les prévisions , donc la gestion des pedigrees dans les élevages, où l’on peut distinguer les types «purs» (homozygotes) et les types « hybrides» (hétérozygotes), selon la terminologie mendélienne. Les progrès de la cytologie ont mis en lumière le rôle des chromosomes, en tant que structures porteuses des gènes. On devait dès lors expliquer aisément par l’analyse cytogénétique des cellules (dénombrement chromosomique et caryotype) que les caractères sexuels dépendaient de la situation homozygotique ou hétérozygotique du sujet dans son équipement gonosomique : chez l’homme, le sujet féminin est porteur des chromosomes XX et le sujet masculin de XY, sauf anomalies.

Quand la biologie moléculaire a expliqué enfin comment l’information génétique était inscrite dans l’ADN chromosomique, c’est au niveau de cette molécule qu’il est devenu possible de manipuler les gènes , et par conséquent de comprendre de quelle manière ils déterminaient les caractères biologiques. On a constaté alors que les caractères individuels (telles les variantes isotypiques de l’immunité tissulaire) étaient codés par des structures très diversifiées génétiquement, et qualifiées par conséquent de polymorphes (le polymorphisme «exprimé» révélant le polymorphisme structural du gène).

Les caractères de groupe (telles les typologies érythrocytaires A, B, O des populations humaines) procèdent d’un allélisme moins complexe (des parents AA 憐 OO auront des enfants AO, des parents AB 憐 AB auront une descendance AA + AB + AB + BB); cela constitue un cas d’allotypie , c’est-à-dire de subdivision de l’espèce en groupes non compatibles biologiquement (d’où les accidents transfusionnels par mélanges sanguins hétérogroupes).

Les caractères spécifiques enfin, qui sont obligatoires pour désigner un individu comme indubitablement humain (par exemple), n’autorisent aucune fantaisie allélique. Leur transmission ne peut être analysée par la méthode d’hybridation qu’en trichant avec les barrières sexuelles. On y parvient en «fusionnant» des cellules somatiques où les chromosomes sont mis en commun, ce qui permet d’étudier leur mode d’expression et leur fonction spécifique.

Encyclopédie Universelle. 2012.

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